
Cette année, le prix Mémorable des librairies indépendantes du réseau Initiales est décerné au roman de la japonaise Masako Togawa, Le Passe-partout , paru aux Éditions Denoël dans la collection Sueurs froides.
Chaque année ce prix salue la capacité d’une maison d’édition à sortir de l’ombre un livre, une œuvre, jusqu’alors oubliée ou non encore disponible. C’est grâce à la traduction de Sophie Refle que nous pouvons désormais nous régaler de ce roman culte au Japon.
Masako Togawa (戸川 昌子) est un mythe dans son pays.
Née à Tokyo en 1931, elle fut toute à la fois écrivaine, actrice de films noirs, chanteuse de music-hall et propriétaire du fameux cabaret Aoi Heya ( « La Chambre bleue »). Proche d’écrivains comme Mishima, Oshima, Nosaka Akiyuki ou Kawabata comme du chanteur et meneur de revue travesti Miwa Akihiro – son alter ego – elle restera, jusqu’à sa disparition à l’âge de 85 ans, une des fées électriques des nuits tokyoïtes, adoubée à la fois par le milieu des arts du spectacle et par l’avant-garde culturelle.
Le Passe-partout remporta à sa sortie, en 1962, le prix Edogawa Rampo. Ayant perdu son père et son frère lors de la seconde guerre mondiale, Masako Togawa se voit contrainte de loger avec sa mère dans un appartement social réservé aux femmes. C’est ce monde en soi, pensé comme un vase clos. Une atmosphère de secret, jalousie et mélancolie qui l’inspire pour construire son récit à la façon d’un origami.